Abjuration de Jean Magnan
L’an 1754, et le 16 du mois de juin.
Par-devant nous, curé de cette
parroisse et témoins à la fin només, et comparu Jean Magnan, habitant du même
lieu, qui, après divers enseignemens qu’il auroit reçu de notre part,
reconeissant enfin les erreurs de la religion protestante ou prétendue réformée
qu’il auroit malheureusement professé jusqu’à présant, nous auroit demandé d’être
reçu à l’abjuration desdites erreurs et à la profession publique de la foit que
tient, prêche et enseigne la sainte Église apostolique romaine, et d’être remis
en conséquance dans le sein et comunion de ladite Église.
Sur quoy, nous luy aurions demandé s’il
reconoissoit véritablement et confessoit avec un cœur contrit et humilié, en la
sainte présence de Dieu, qu’il avoit grièvement péché en adérant aux hérétiques
uguenots, croyant leurs erreurs, principalement sur la présence réèle de Notre
Seigneur Jésus Christ dans l’eucaristie, sur le purgatoire, l’invocation des
saints, le nombre des sacrements, l’usage des cérémonies de l’Église, sur les indulgences
qu’elle accorde. Et il nous auroit répondu qu’il le croyoit véritablement et
que Dieu dissipant par sa grâce l’aveuglement où il a été jusqu’à présent, il
renonce à ses erreurs et à toutes autres de quelle espèce qu’elles soient, qu’il
le déteste de tout son cœur, de sa franche volonté et sans aucune contrainte.
Et luy ayant demandé au surplus s’il
reconoissoit l’Église romaine pour la seule vraie Église catolique et
apostolique, or de laquelle il ne peut y avoir de salut, et prométoit
cincèrement de garder inviolablement sa foy, d’obéir fidèlement à ses lois, et
de de faire instruire plus au long de tout ce qu’un bon crétien doit sçavoir,
il nous auroit répondu qu’il croit de cœur et confesse de bouche tout ce que croit
et enseigne la sainte Église catolique apostolique et romaine, qu’il la
reconeit pour la seule vraie Église de Jésus Crist, qu’il promect d’obéir à ses
comendemens et de recevoir de son pasteur toutes les instructions qui luy
soient nécessaires pour remplir les devoirs d’un bon crétien, ainsi qu’il l’a
promis et juré sur les saints évangiles.
En conséquence de ce, nous curé de ce
lieu, en vertu du pouvoir à nous accordés par monseigneur l’illustrissime et
révérendissime évêque d’Apt et prince, avons absous ledit Jean Magnan de toute hérésie,
excomunications et autre censure éclésiastique dont il pouvoir être lié, et l’avons
rétabli dans la comunion de l’Église, dans la participation de ses sacrement et
dans tout le droit des vrais fidèles catoliques apostoliques et romains.
Fait à Joucas, dans l’église
paroissiale dudict lieu, en présence de Pierre Boyer, bourgeois, et d’André
Porte, cardeur en philosèle, tous de ce lieu, témoins requis et soussignés avec
moy, ledit Magnan illittéré.
Boyer Porte
Julien, curé
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