dimanche 30 janvier 2022

Registres paroissiaux de Cabrières d'Aigues (1685-1792)

Pendant toute la période du Désert, j’ai relevé dans les registres paroissiaux catholiques les actes de baptêmes, mariages et sépultures concernant les descendants de familles protestantes. À Cabrières d’Aigues, les abjurations d’octobre 1685 concernaient 445 personnes. Les déclarations consécutives à l’édit de Tolérance de 1787 concernent quant à elles 458 personnes. La communauté protestante de Cabrières d’Aigues a donc particulièrement bien résisté pendant toute la période du Désert. Les registres paroissiaux ne comportent pratiquement que des actes concernant des descendants de familles protestantes. Et on constate que très peu, voire aucune famille n’est vraiment passée à la religion catholique.

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Mise à jour : Cabrières d'Aigues - Déclarations consécutives à l'édit de Tolérance (1788-1789)

En utilisant d'autres sources, j'ai pu compléter le tableau qui présentait des lacunes lorsque le document original était illisible.

mardi 25 janvier 2022

La Tragédie du sac de Cabrières

 Publiée avec une introduction historique par Fernand BENOIT et une étude littéraire de J. VIANEY
Bibliothèque de l’Institut historique de Provence, Marseille, 1927


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samedi 22 janvier 2022

lundi 17 janvier 2022

Un baptême imposé par l'Intendant de Provence

 Voilà un baptême catholique administré sur ordre de l’Intendant de Provence, pas moins ! Le curé de Cabrières d’Aigues (dont – soit dit en passant – l’église était frappée d’interdit depuis 1742 pour on ne sait quelle raison) le relate dans son registre. Des parents, qu’il considère comme non mariés (bien qu’ils aient néanmoins conclu un contrat de mariage l’année précédente), lui présentent leur premier enfant, que le curé considère donc comme naturel et illégitime, pour qu’il soit baptisé le 15 avril 1744, deux jours seulement après sa naissance. Les parents arrivent avec un parrain et une marraine de leur choix. C’en est trop pour le curé qui les récuse aussitôt, car – dit-il – ce parrain et cette marraine ne lui ont donné jusqu’alors aucune marque de catholicité, étant eux aussi des “nouveaux convertis”. Prenant acte de la décision du prêtre, le père refusa tout net que son enfant soit baptisé et – précise l’officiant visiblement désappointé – retourna à sa maison. Le curé porta alors “l’affaire” devant l’Intendant qui ordonna que l’enfant soit baptisé « sans délai ». Ce qui fut fait le 4 mai 1744 dans l’église du village voisin (puisque celle de Cabrières était frappée d’interdit), avec un parrain et une marraine “anciens catholiques”, choisis par le curé. Cette anecdote montre que les “religionnaires”, soixante ans après la Révocation, admettaient de moins en moins les obligations que l’Église catholique prétendait leur imposer. D’autant que, dans les années 1740, les premiers prédicateurs protestants commençaient à arriver dans le pays. Dès lors, ces parents optèrent pour une solution plus simple en faisant baptiser au Désert les enfants qu’ils eurent par la suite…




samedi 15 janvier 2022

Abjuration collective des habitants de Saint-Martin de La Brasque (23 octobre 1685)

 


Pour cette abjuration, je m’étais basé jusqu’à présent sur la transcription publiée dans La Valmasque, n° 70, pp 27-28 (2006). Le travail paraissait de bonne qualité, mais j’avais noté quelques anomalies qui méritaient vérification. Les Archives Départementales de Vaucluse ayant eu l’obligeance – et je les en remercie grandement – de me faire parvenir les images des originaux, j’ai pu transcrire directement l’acte d’abjuration, en reporter le contenu dans un tableau et noter les renseignements utiles dans ma base de données des familles protestantes provençales.

Dans l’ensemble, la contribution publiée était très correcte, mais j’ai constaté malgré tout quelques erreurs de lecture et d’interprétation. Il faut dire que ma bonne connaissance des familles en amont et en aval de cette date d’octobre 1685 a facilité mon travail. Au total, ce sont donc 230 personnes qui, à St-Martin de La Brasque, ont abjuré la foi protestante le 23 octobre 1685.

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vendredi 14 janvier 2022

jeudi 6 janvier 2022

Fidèle à sa foi jusqu’à la mort

Louis Courbon, de Cabrières d’Aigues, qui meurt en février 1736 à l’âge de 30 ans. Je n’ai pas retrouvé sa condamnation aux galères…

L’an susdit, et le 13 de février, est mort Louis Courbon, que nous avons privé de la sépulture éclésiastique, nous ayant protesté, comme un malheureux comdanné aus galères qu’il étoit, vouloir mourir dans l’hérésie de Calvin.



mercredi 5 janvier 2022

Livre : Le silence des maquis - Polar généalogique

 


Voilà un livre passionnant et surprenant.

Passionnant pour qui fait de la généalogie protestante et pour qui s’intéresse à l’histoire des familles huguenotes sous l’Ancien Régime. Le sous-titre, Polar généalogique, est d’ailleurs bien trouvé. On suit le travail de Chloé, une jeune archiviste, qui cherche à retracer le parcours de son grand-oncle pour répondre aux questions que se pose sa mamet Jeannette. Dans une postface, les auteurs (Justine Berlière et son père Jean-Marc, elle archiviste et lui historien) expliquent que le récit des aventures vécues par les protagonistes de l’intrigue sont imaginaires, d’où le mot “polar”. En revanche, les dépôts d’archives sont bien réels, comme le sont aussi les personnages qui ont réellement existé. Tel ce Pierre Bénézet que j’ai eu la surprise de découvrir (tout en lisant le livre !) dans la liste des huguenots embarqués pour l’Afrique du Sud, publiée sur le site Huguenots de France.

Le silence des maquis nous conduit des Cévennes (notamment Vézénobres, village voisin de St-Chaptes où j’habite, et ses alentours que je connais bien) à Berlin, en passant par l’Afrique du Sud (Drakenstein). On retrouve, très bien documentée, l’histoire de la Révocation de l’édit de Nantes (octobre 1685), puis les chemins du Refuge par la Suisse, Francfort, le Brandebourg, la Hollande. Tout est parfaitement retracé et raconté : je n’ai pas trouvé une seule erreur dans ce récit qui, de surcroît, a une très grande qualité littéraire. Nul besoin d’être un spécialiste pour se plonger dans ce livre.

Surprenant parce que l’histoire se présente par moment comme un carnet de recherche, avec des blocs-notes, des notes de synthèse, et même des transcriptions de documents. Ces dernières étant fictives, mais on s’y casse le nez tellement elles coïncident parfaitement avec ce qu’on a l’habitude de croiser dans les dépôts d’archives. La progression des investigations menées par Chloé est datée, et on peut suivre presque au jour le jour ses pistes de recherche. Bravo pour cette originalité et le suspens qu’elle induit !

Les auteurs n’ont pas craint, par ailleurs, de s’attaquer à ce qu’il est convenu d’appeler “les heures les plus sombres de notre histoire”. Terrain miné et dangereux pour qui ose s’aventurer hors des sentiers balisés de l’histoire officielle. Surtout par ces temps où le wokisme prétend réécrire l’histoire à l’aune des lubies actuelles, afin d’éliminer (cancel culture) tout ce qui ne convient pas au conformisme ambiant. Une sorte de totalitarisme de la pensée s’est mis en place, et malheur à qui ne s’y soumet pas. Les auteurs, père et fille, n’en ont visiblement cure, et ils osent évoquer le fait que tous les Waffen SS français n’étaient pas forcément des salauds, et tous les résistants n’étaient pas forcément des héros. C’est courageux de leur part !

Pour terminer cette brève recension, je dirai qu’il est tentant en effet de remplir les vides qu’on découvre parfois quand on mène des recherches. Deux exemples :

- Le premier est le cas de ce couple originaire de Cabrières d’Aigues dont on retrouve les étapes pour gagner le Refuge, qui sont inscrits à Rotterdam dans la liste d’embarquement des passagers pour l’Afrique du Sud, qui n’y sont jamais arrivés à tel point qu’on les croyait morts pendant le voyage… et que j’ai retrouvés revenus dans leur village d’origine quelque temps plus tard. Que s’est-il passé ? Pourquoi ont-ils changé d’avis au dernier moment et pourquoi se sont-ils décidés à revenir en Provence ?

- Le second est l’exemple d’un de mes grands-oncles qui refusa d’abjurer comme le reste de la famille en octobre 1685, et qui partit au Refuge avec femme et enfant, pour s’installer à Friedrichsdorf, dans la Hesse, où il fit souche. J’avais découvert ce périple il y a fort longtemps. Mais en épluchant il y a peu la base de données du Refuge huguenot, j’ai découvert que son frère (mon aïeul) l’avait accompagné jusqu’à Genève et était ensuite revenu à Roussillon pour retrouver le reste de la famille resté au pays. Quelles ont été les raisons qui l’ont conduit à prendre cette décision d’escorter son jeune frère ? Est-ce que le contact avec lui a été définitivement rompu à Genève ?

On aimerait faire des suppositions et imaginer ce qui se serait passé. Mais cela conduirait à écrire un roman, comme l’ont fait nos talentueux auteurs…


dimanche 2 janvier 2022