Dans sa thèse (p 237-238), Gabriel Audisio nous avait appris que la bastide où fut pris le barbe Pierre Griot, située à l’écart de Lourmarin, possédait « une belle chambre avec une cheminée, mais ne sçait pourquoi elle a esté faicte, où il y a deux litz », selon la déclaration même de l’accusé. Ce qui était inhabituel dans les bastides de l’époque qui comportait une seule pièce où se trouvait l’âtre (la fugaigne) et une chambre au-dessus (non chauffée). Avoir une chambre supplémentaire disponible, dotée d’une cheminée, était un luxe rare.
De plus, la maison où fut arrêté le barbe Griot paraissait suspecte
aux yeux du tribunal, car le procureur parle de cette maison comme étant celle « où
se retirent les barbes ». Audisio évoque même un « réseau d’hospices »
prévus pour l’accueil des prédicateurs vaudois.
Cela fait étrangement écho à un passage de l’Ancien
Testament. Dans 2 Rois 4:10, la Sunamite, qui est une femme de
distinction, dit à son mari, à propos du prophète Élisée qui avait l’habitude
de se rendre chez elle pour manger : « Faisons une petite chambre
haute avec des murs, et mettons-y pour lui un lit, une table, un siège et un
chandelier, afin qu’il s’y retire quand il viendra chez nous ».
Je juge donc utile de mentionner cette référence biblique
associée à l’existence d’une chambre prévue pour les barbes. Ce qui, à ma
connaissance, n’avait jamais été jusqu'alors signalé…