Le vicaire perpétuel de Cabrières d’Aigues se fait berner à deux reprises en peu de temps.
Le 31 décembre 1730, il baptise une enfant et admet comme parrain le sieur Dominique Savornin. Mais le même jour, il ajoute dans son registre :
Ayant apris que le Sr Dominique Savornin, que j’ay cru estre ancien catholique en l’admettant pour parrain, estoit de la religion prétendue refformée, et qu’ainsi j’ay esté trompé, j’ay formé la résolution de ne jamais admettre aucun étranger sans qu’il ait exibé d’abor un certificat de monsieur son vicaire, come quoy il est ancien catolique et a fait son devoir pascal.
En effet, Dominique Savornin est issu d’une lignée de notables protestants de Lourmarin. Famille très connue dans le Luberon, et il est surprenant que le curé n’ait pas subodoré qu’il avait bel et bien affaire à un “nouveau converti” mal-sentant de la foi…
Quelque temps plus tard, le 12 avril 1733, il baptise un enfant et admet comme marraine sa tante, Catherine Arbaud (qui signe l’acte de baptême). Mais six jours plus tard, il note dans son registre :
Comme j’ay appris que Catherine Arbaud, qui m’avoit asseuré être véritable catholique romaine pour pouvoir estre marraine de son neveu, m’a trompé, et qu’elle ne fait que se contrefaire, je proteste de ne plus vouloir d’étranger qui ne porte un certificat de monsieur son curé comme quoy il est apostolique romain et a fait son devoir pascal.
Catherine Arbaud est en effet issue, comme la mère de l’enfant, d’une grande famille protestante de Manosque. Quelques-uns des neveux et nièces de ces sœurs finiront même par gagner le Refuge : on les retrouve à Lausanne à la fin de l’année 1740.
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